Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux

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furent, comme on sait, Jourdan, Moreau, Hoche, Marceau, Bonaparte, Kellermann, Macdonald, Masséna, Desaix, Belliard, Brune, Richepanse, Gouvion-SaintCyr, Pajol, d'Hautpoul, Vandamme, qu'il sut tous deviner, il faut placer aussi ses fils scientifiques, parmi lesquels Arago et Chevreul furent les plus glorieux. Le premier, en 1837, voulut payer une dette de cœur en. prononcçant son éloge public à l’Académie des Sciences. C'était une réparation et un acte de courage, car depuis 1823, le silence s'était fait sur Carnot, et les ministres même de Louis-Philippe, ne tenaient pas à ce qu'on remît en lumière le républicanisme invétéré de celui qui, le 30 avril 1804, avait prononcé un discours si probant contre l’hérédité du souverain. Cela est si vrai que l’Académie des Sciences n'osa pas faire imprimer dans ses Mémoires cette notice vengeresse. Pour qu’elle obtint ce droit, il fallut qu'une nouvelle Révolution eût lieu ! Ce n'est, en effet, qu'en 1850 que nous la voyons figurer dans le tome XXII de la collection académique. Pendant plus de treize ans, elle resta donc inédite.

C’est en 1849 qu'Arago fit à mon pèré l'honneur de lui communiquer son désir de publier ses œuvres. Déjà la santé de l'illustre astronome était profondément altérée. Sa vue s’affaiblissait de jour en jour. Il commençait à ne plus pouvoir ni lire ni écrire d’une manière continue. Bientôt il prit le parti de dicter, d'abord à des membres de sa famille, ensuite à une personne qui pût lui consacrer tout son temps.

M. Arago ne pouvait plus alors faire des recherches bibliographiques; il lui fallait quelqu'un qui, sur ses indications, sût trouver facilement, surtout promptement, les passages qu'il avait remarqués dans les