Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux

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oûvrages les plus variés, dont il avait lu une prodigieuse quantité, et dont il se rappelait avec une précision merveilleuse de nombreuses pages. Il confia ce soin à J.-A. Barral.

Une grande mémoire dont ce dernier avait eu occasion de lui donner quelques preuves, fut la raison d’un choix regardé comme un précieux honneur. C’est encore grâce à la mémoire de mon père que François Arago improvisait devant lui de longs chapitres. Il ne voulait pas que leur composition se ressentît de l’impatience qu'il éprouvait de la nécessité d’attendre que la main alourdie d'un secrétaire pût suivre l'expression habituellement si rapide et si vive de sa pensée. Mon père était chargé d'écouter et de reproduire ensuite ce qu'il avait entendu. Ces notes qui lui étaient relues, étaient alors rectifiées et corrigées, puis devenaient définitives. C'est ainsi que furent préparés tous les manuscrits qui ont servi, après la mort de l’illustre astronome survenue le 3 décembre 1853, à la publication de ses œuvres, que mon père, sur ses ordres, a menée à bien en neuf années; elles constituent en 17 volumes un magnifique monument élevé à la science. Beaucoup de confidences verbales, de détails intimes sur les hommes, les événements et les découvertes du temps d’Arago, transmis durant le cours de ces longs entretiens quotidiens, n’ont pu entrer dans cette collection. Mon père les a recueillis, me les a racontés. Je suis seul à les posséder. Le lecteur des pages qui vont suivre profitera de quelques-unes de ces précieuses confidences. Nous les donnons pour la première fois. Mais il va sans dire que nous ne rapportons pas ici tous les documents recueillis. Les limites de ce livre, qui doit rester populaire par son format, ne nous le permettent pas. Les personnes désireuses