Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux

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d'approfondir la vie de Carnot, qui est un de ces hommes rares pour lesquels on éprouve une admiration et une sympathie croissantes, pourront en prendre connaissance dans un ouvrage étendu que nous préparons sur son œuvre scientifique, militaire et historique.

Je dois à la longue amitié qui a lié mon père et le grand chimiste Chevreul pendant près d’un demi-siècle, une partie des faits particuliers que je rapporte.

Michel-Eugène Chevreul né en 1786 comme Arago, a eu le privilège de devenir centenaire et de survivre quarante-deux ans à son illustre collègue de l'Académie des Sciences.

Le 17 novembre 1812, Chevreul âgé de vingt-six ans, ouvrit un cours de chimie dans l’amphithéâtre de Vauquelin, situé rue du Colombier, n° 23. Carnot vint y assister et félicita vivement le jeune chimiste sur l'éloquence de sa parole et l'originalité de ses vues. L'année suivante en 1813, Humphry Davy, se rendant en Italie, avait obtenu de Napoléon l'autorisation de passer par la France et Paris, car notre territoire était fermé aux Anglais. Il vint, accompagné du jeune Faraday, sous la conduite de Carnot, au laboratoire de Vauquelin au Muséum d'histoire naturelle. Chevreul, qui en était le préparateur, fit quelques expériences en présence de ce glorieux auditoire et recut l'approbation générale. IL aimait à rappeler ce début dans sa carrière de professeur et de démonstrateur. Fréquemment il en entretint mon père durant les longues heures qu’ils ne cessèrent de passer ensemble, chaque semaine, le dimanche au Jardin des Plantes dans l'appartement occupé rue Cuvier, 57, par Chevreul, et le mercredi au siège de la