Lazare Carnot d'après un témoin de sa vie et des documents nouveaux

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exactes et les combinaisons stratégiques. En même temps qu'il se consacrait aux mathématiques, il apprenait à écrire et cherchait à donner à son style la clarté de celui de Voltaire et la rigueur de celui de d’Alembert. Dans tous les événements de sa vie si agitée, Carnot fut toujours un calculateur sérieux, un stratégiste serein. La géométrie fut son délassement favori. Il y revint sans cesse dans les intervalles où les fonctions publiques n'absorbaient pas ses loisirs. Il eut même cette force de caractère, au milieu des plus écrasantes fatigues, de laisser à son esprit une porte constamment ouverte aux recherches scientifiques. La fermeté, qu'on trouve en lui dans le cours de sa plus orageuse carrière, fut le trait dominant de son caractère.

Lorsque Pascal — qui était d’ailleurs d'une nature extrêmement débile — avait mal aux dents, comme remède à cette affection qui lui imposait les plus atroces douleurs, il s’appliquait à la solution de quelque problème mathématique extraordinaire, ce qui, en l’obligeant à une excessive contention d'esprit, lui faisait oublier ses souffrances. Ce fut ainsi, assure-t-on, qu'il arriva à résoudre cette fameuse question dite de la cycloïde, à laquelle s'étaient vainement appliqués jusque-là les plus profonds mathématiciens.

Dans un autre ordre d'idées, Carnot fit de même. Lorsque, poursuivi, traqué, injurié, calomnié, il dut fuir la patrie à diverses reprises, nous le voyons reprendre, chaque fois, sans perdre un instant, ses travaux scientifiques interrompus.

« Mon père variait ses occupations, a écrit Hippolyte Carnot, tantôt des mathématiques, la lecture d’un ouvrage de science, de philosophie, de littérature. Voulait-il se délasser ? — Il prenait un portefeuille où