Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA POLICE INTÉRIEURE 217

abattoir. Sauf quelques cas particuliers, partout où le danger n'exaspéra pas les passions, la vie humaine fut épargnée. Dans beaucoup de départements on n'établit pas de tribunal spécial pour punir les contre-révolutionnaires; on chargea de ce soin le tribunal criminel, en général peu féroce. C’est ce qui explique qu’il n’y ait pas eu une seule condamnation à mort dans les HautesAlpes, les Basses-Alpes, le Gers, la Haute-Saône et même la Nièvre, où furent cependant envoyés deux terribles sans-culottes, Fouché et Laplanche. Mais le bruit qu'ils firent trompe sur leurs actes; il en est de même d’André Dumont dans la Somme. Son langage est celui d’un fou furieux : il raconte, par exemple, qu’il a fait arrêter 64 prêtres insermentés et qu’il a fait traverser la ville à ce € troupeau de bêtes noires »; il demande ce qu'il doit faire de ces « cinq douzaines d'animaux » ! Il ne parle que d’encager les aristocrates, et, annonçant l’arrestation d’une parente de Pitt, ils’exprime ainsi: Croirait-0n que « cette mégère avait l’intention de déguerpir » lorsqu'il l’a fait arrêter? — Et combien de têtes a fait tomber cet homme si violent en paroles? Deux. Il valait mieux, disait-il lui-même, employer « le ridicule que la guillotine ».

Le plus grand nombre des tribunaux criminels ou même révolutionnaires firent, selon l'expression de M. Wallon, « plus de peur que de mal ». Dans l’ Yonne, le Jura, a Somme, la Drôme, il y eut deux condamnations à mort; trois dans re et-Uise et l'Isère, quatre dans be l'Ain, l'Allier; six dans le Cher et dans Saône-et-Loire, etc.

On peut admettre en principe que la justice révolutionnaire ne fut redoutable que sur les points où la République était le plus furieusement menacée; partout

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