Le Comité de salut public de la Convention nationale

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ailleurs, le nombre des victimes fut très minime, et il serait très instructif de comparer le chiffre des victimes dela Terreur rouge, sur lequel certains historiens s’éten dent si complaisamment, à celuide la Terreur blanche.

Les tribunaux exceptionnels de l'an IT ont arraché la vie à beaucoup d'innocents, mais il serait excessif de prétendre qu'ils n’ont pas frappé aussi un grand nombre de coupables; les formes judiciaires et les garanties des accusés, déjà trés faibles, n’ont pas toujours été respectées ; maisles cas où l'on a observé les décrets, et où juges ou jurés ont apporté une humanité relative et de la conscience dans leurs redoutables fonctions sont aussi très nombreux; enfin, la mort était le châtiment de fautes qui en d’autres temps eussent été punies peu sévèrement; mais les lois varient avec les situations et avec les circonstances : le soldat n'est pas traité comme le civil, et, en temps de guerre, la justice dont il est passible, lui aussi, est beaucoup plus rigoureuse et plus rapide qu’en temps de paix.

C’est cette justice révolutionnaire que le Comité de salut public avait le devoir de faire appliquer. Il le fit avec énergie et sans faiblir, tout en combattant les excès de zèle et les accès de fureur de ses subordonnés Nousavons vu comment il restitua à Marseille son nom, que lui avaient enlevé Barras et Fréron. Déjà, lorsque ces mêmes représentants lui avaient proposé de ravager la Provence, de la Durance à la mer, pour affamer les Anglais, oubliant que ceux-ci étaientmaîtres de la Méditerranée, le Comité s'était opposé à cette stupide cruauté. De même, lorsque les représentants Lejeune et Roux parlaient d’enlever les blés des départements frontières, au risque de faire mourir les habitants de faim, ils se heurtèrent au refus très sage du Comité de salut public.