Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA GUERRE 9293

seils de Danton, il finit par leur accorder le droit de mettre en réquisition les armes, les chevaux, les munitions, les subsistances. Le 19 août, Delacroix rappelle au Comité sa promesse ; il fait répondre qu'étant très occupé il ne pourra faires on rapport qu'à la séance suivante. Ge jour-là, Danton monte à la tribune. Le Comité, dit-il, a été peu pratique en décrétant une levée générale. Il faut mourir pour la liberté, mais mourir utilement. « Considérons que, pour marcher, il faut des armes et du pain; or, ayons-nous assez d’armes et de pain pour faire marcher à la fois tous les Français? Non, sans doute. Il faut combiner leur marche progressive en raison de la quantité d'armes et de pain que vous avez à fournir. C'est sur ces bases que doit reposer le nouveau projet du Comité. »

En deux mots, Danton, avec son esprit pratique, a indiqué au Comité de quelle manière il fallait comprendre la levée en masse. — Danton peut bien penser, réplique aigrement Barère, que les idées qu’il exprime « ne sont pas étrangères au Comité; nous avons gémi de la manière dont on nous harcelait à ce sujet. Déjà, les aristocrates ont jeté le ridicule sur cette levée en masse en altérant notre idée; mais le ridicule m’atteint pas ceux qui servent bien leur patrie. Ne croyez pas que le Comité songe à faire marcher à la fois 95 millions de Français : il a songé seulement que toui devait être à la réquisition de la liberté. Nous devons tout faire pour chasser les ennemis. Un puissant effort d'enthousiasme est indispensable; mais ce grand effort doit être régularisé. Cest ce que le Comité se propose de faire ».

En eftet, trois jours après, Barère vint lire le projet de décret organisant la fameuse réquisition ; ce décret

13,