Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA GUERRE 931

de la grande réquisition. Ces cinq ou six espèces de troupes ayant chacune un effectif, des règlements, un costume, une organisation à part, l'administration de la guerre était si compliquée, que le ministre et ses bureaux ne s'y reconnaissaient plus. Les dépenses devenaient effrayantes, car la plupart des corps multipliaient comme à plaisir le nombre des officiers et des sous-officiers; tel simple soldat, qui venait de toucher sa prime de 80 livres pour entrer dans les troupes de ligne, les quittait pour passer dans les autres corps, où, par suite de son expérience relative, il obtenait d'emblée un grade élevé. Le Trésor était obligé de payer tous ces petits états-majors. En outre, la différence de recrutement, d'instruction et de solde était une cause permanente d'antagonisme entre les troupes. La vieille armée royale surtout, étant la moins bien traitée, menaçait de se dissoudre peu à peu. Avec elle, allaient disparaitre cette instruction, cet esprit de discipline, ce sang-froid qui manquaient aux troupes de formation récente. Il ne s'agissait donc pas seulement de réaliser une économie et de simplifier des rouages: une fusion de tous ces éléments était indispensable. Elle ne présentait que des avantages, si on prenait la précaution d'opérer le mélange à raison d’un bataillon de ligne pour deux bataillons de volontaires; dans cecas, la ligne ne parviendrait pas à donner aux volontaires son esprit de caste, sa tendance à l'obéissance passive en dehors des camps, son dédain de l'élément civil, mais elle leur inculquerait des principes d'ordre, de discipline et de sang-froid ; ceux-ci lui communiqueraient, en échange, le patriotisme et l'enthousiasme qui les animaient. Dès le commencement de 1792, le ministre de la