Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA GUERRE 941

chez eux, les autres venaient dans les ateliers publics Les ouvriers qui ne connaissaient pas la fabrication des armes allèrent l’apprendre à la manufacture nationale de Charleville; ils dirigeaientensuite eux-mêmes leurs camarades moins expérimentés. Le Comité chargea des savants de publier un petit traité sur la trempe de l’acier. On multiplia les ateliers de réparation des engins de guerre ; au lieu d’une seule manufacture d’armes blanches, il y en eut bientôt vingt: Grenoble, Longwy, Châtellerault, Thiers, etc.

La France était ainsi transformée en une vaste mafacture d'armes, ayant son centre à Paris et ses succursales dans toutes les parties de la République. Certains couvents servaient d'ateliers, et, comme le disait Carnot, « ces endroits consacrés jadis au silence, à l’inaction, aux regrets, retentissent du bruit des marteaux ».

Le Comité organisa de même la «fabrication révolutionnaire » du salpêtre, de la poudre et des canons (1). Des cours sur l’art de raffiner le salpêtre, de fabriquer la poudre, de mouler, forer et fondre les canons furent faits à 800 jeunes gens venus de tous les points de la République,parneuf instituteurs quenomma leComité de salut public. Ces instituteurs s'appelaient Guyton-Morveau, Fourcroy, Berthollet, Dufourny, Carny, Pluvinet, Hassenfratz, Monge et Perrier; lessix premiers devaient s'occuper du salpêtre et de la poudre tous les jours, à onze heures, au Muséum; les trois autres, de la fabrication des canons à deux heures, à l'Évêché. Les cours devaient durer trois décades. « L'ancien régime, disait Barère, aurait employé trois ans pour une pareille préparation : la Révolution ne demande que trois décades ! »

(1) Arrêté du 14 pluviôse an I,