Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA GUERRE 245

tuaient autant de gains pour notre industrie. Il se produisit alors, sous l'empire de la nécessité, un phénomène analogue à celui qu’entraîna plus tard le blocus continental : en se repliant sur elle-même, la France fit surgir de son sein des richesses ignorées.

IX

Ce qu’il importe de connaître bien plus que le nombre des soldats et l'organisation matérielle des armées, c’est leur valeur morale, c’est l’âme de ces collectivités. En supprimant les provinces, et avec elles les barrières douanières qui les séparaient, les privilèges particuliers qui en faisaient autant de petits Etats traités inégalement, et les antiques rancunes qui les divisaient ; en décrétant l'égalité de tous devant la loi, la Révolution élargit et fortifia le patriotisme. Le sentiment de la dignité humaine accrue favorisa la communauté des vues et des aspirations, l'unité morale de la nation. La terre sur laquelle germaient la liberté, le droit, la justice, devenait plus précieuse encore pour ses fils. Car ce n’est pas seulement des frontières, un sol et des souvenirs que l’on aime et délend ; c’est aussi un patrimoine moral et des espérances. Le désir de défendre non seu ement l’intégrité du territoire, mais encore une doctrine, animait donc les soldats de la Révolution, et Mallet du Pan exprime très bien cette idée, lorsqu'il nous les montre £enant d'une main le sabre, « et de l’autre les Droits de l’homme ». Il est, par suite, bien mal venu à dire que: « Les armées ne sont niroyalistes ni républicaines, mais françaises. » Oui, elles étaient françaises avant tout ;

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