Le Comité de salut public de la Convention nationale

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elles aimaient la patrie, mais la patrie mère de la foi nouvelle !

Le tableau que certains historiens ont tracé d’armées ignorant tout à fait ce qui se passait à l'intérieur est donc fantaisiste. La présence presque continuelle des représentants du peuple, leurs proclamations, les adresses de la Convention, quelquefois de simples discours de ses membres, — « qui seront envoyés à toutes les armées », disentles décrets; — les journaux patriotes que l’on expédiait par ballots, et qui préchaient la haine des rois et l’amour de la liberté, tout maintenait la France armée en communion d'idées avec la France de l’intérieur. Nos armées étaient résolümentrépublicaines; seulement, elles nes’attardaient pas à d'énervantes querelles de partis ; elles étaient républicaines sans épithète, et non dantonistes, robespierristes ou hébertistes. Les royalistes même y atténuaient singulièrement leurs opinions: « C’est à l’armée, écrivaitleroyaliste Dommartin, qu'est la place de tous les gens de bien. » Les camps leur offraient, du reste, plus de sécurité que la vie civile. Les défiances et les haines qui les eussent entourés dans la mêlée des partis s’arrêtaient d'ordinaire à l'ombre du drapeau.

La possibilité d'arriver aux grades élevés pendant la guerre et la promesse d’une récompense nationale à la paix servirent peut-être de stimulants au patriotisme de quelques défenseurs de la patrie. Mais l'immense majorité étaient avant tout des hommes de foi, ardents, enthousiastes, pleins d’abnégation, héroïques devant les fatigues etles privations, et doués d’un extraordinaire mépris de la mort. Les traits de ce patriotisme indomptable foisonnent; on a pu en composer des recueils entiers. Ceux qui avaient traversé cet ardent foyer ne