Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA GUERRE 241

l’oublièrent plus jamais : « J'en ressens encore, écrivait Marmont, trente ans après la chaleur et la puissance à 55ans comme au premier jour ! »

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Un chant fut alors la fidèle expression des espoirs, de l'enthousiasme et des colères de tout un peuple : c'est la Marseillaise. Son incomparable puissanceavait sa source dans la puissance même des passions qu’elle traduisait et concentrait en quelques paroles brèves, pour les jeter aux échos dans un rythme inoubliable. Ces paroles, on n’eut pas à les inventer, mais simplement à les recueillir, car elles flottaient dans l'air, entraient dans le langage courant, résumant des préoccupations communes et constantes et des passions qui emplissaient toutes les âmes. Vint l’homme qui, dans une heure de sublime inspiration, leur donna la plus parfaite incarnation mélodique qu’il soit possible de rèver.

C'estpar des accents pleins d’une mâle assurance que s'ouvre la #arseillaise : elle sonne le combatcontre la tyrannie, avec la liberté comme but, et la gloire comme récompense. L'appel devient de plus en plus pressant, haletant même, à l'évocation de bataillons ennemis, que l'on croit voir se rapprocher d’instant en instant dans la cadence fortement martelée des vers. La voix, contenue, tombe et laisse traîner ses dernières notes assourdies. Un silence anxieux. Puis, toutà coup, éclate un strident et formidable cri de : Aux armes ! où semble d’abord poindre une seconde d’angoisse, à laquelle fait vite place la superbe affirmation d’une espérance invincible en la victoire, une sorte de furieuse et triomphante es-