Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA GUERRE .249

composé, et dont il représentait si bien l'impétueuse audace. Admirablement appropriée à la tactique révolutionnaire dont elle seconde les vigoureux élans, la Marseillaise achève d’enfiévrer nos soldats ; dans une action difficile on ne manque pas de la leur faire chanter : leurs forces sont alors décuplées, ils deviennent invincibles. Les généraux disent qu’elle vaut dix mille hommes. Le sceptique Dumouriez l’entonne luimême à Jemmapes.—« Envoyez-moimille hommes et un exemplaire de la Marseillaise, écrit un chef d'armée, et je réponds de la victoire ! » — « Nous nous sommes battus un contre dix, raconte un autre, mais la Marseillaise combattait à nos côtés ! »

XI

Au fond, les systèmes de tactique se réduisent à deux: celle qui s'appuie sur la défensive, et celle où domine l'offensive. Tel de nos voisins a, dans son caractère propre, assez de prudence, de caleul, de ténacité et de sangfroid pour s'accommoder de la défensive. Nous, au contraire, nous sommes faits pour aller à l’ennemi et non pour l’attendre ; nos qualités comme nos défauts, notre vivacité entraînante et nos prompts découragements nous imposent l'offensive.

Au xvir et au xvin‘ siècle, des règles compassées et méthodiques paraissent l'emporter. Mais le jour où, au lieu d’une armée combattant pour une cause qui ne l'intéresse qu'indirectement, un peuple tout entier se soulève pour défendre avec une furieuse énergie son territoire etsa liberté, le tempérament national reprend