Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA GUERRE 251

tage à isoler les ennemis pour les écraser ensuite plus facilement,

On renonçait aux marches lentes, aux mouvements compassés, méthodiques, prévus ; on comptait davantage sur l’imprévu et la libre initiative des chefs. « La Révolution française rendit au commandement cette simplicité et ce mouvement primesautier qu’ils avaient perdus au xvur siècle (1). » Îl est vrai que la responsabilité des chefs croissait avec leur liberté.

Il eût été facile à nos adversaires de pénétrer notre tactique et de la déjouer ; ils n’y songèrent même pas, sans doute parce qu’au lieu de la considérer comme redoutable ils n’y voyaient qu’une absence de méthode et un désordre qui excitaient leur pitié. Vaincus, ils pouvaient se plaindre, comme ce colonel prussien dont Barère entretenait la Convention, qu'on ne les eût pas battus suivant les règles! Les revers ne les corrigeaient pas plus que ne les éclairaient les avis du perspicace Mallet du Pan : «La tactique du Comité n’est pas bien compliquée, écrivait-il : attaquer toujours et toujours en grandes masses. »

XII

Ge n’est pas dans la création de la tactique révolutionnaire que consiste le rôle de Carnot ; son esprit lent et méthodique et son éducation militaire l’y auraient plutôt rendu réfractaire. IL la trouva imposée par la forcedes choses, et déjà partiellement appliquée. Il eut le mérite d'en reconnaitre la supériori té, de la faire adopter

(1) Von den Goltz, {a Nation armée.