Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

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fanfares des régiments hellènes ne cessent de résonner sans raison aux quatre coins de Salonique, et du matin au soir. Au milieu des troupes anglaises, françaises, serbes qui se battent, il y a les troupes grecques qui ne se battent pas. C’est extraordinaire comme ces gens, qui ne veulent pas faire la guerre, se livrent dans les rues, avec leurs éperons, leurs sabres et leurs musiques, à un tumulte guerrier!

En face de cette agitation stérile, vous serez frappé par l'immobilité tragique de petits groupes d'hommes qui stationnent un peu partout dans la ville. Sur la face de ceux-là, la misère commence déjà à mettre son empreinte terreuse. Les bras sont ballants le long du corps. Les yeux sont fixes. Ces hommes ne parlent plus, ne remuent plus. Ils restent ainsi sur le bord de la chaussée à regarder quoi? À attendre quoi? S'ils ne portaient tous Le petit bonnet marron de l’armée serbe, vous les auriez néanmoins reconnus pour ce qu'ils sont : des êtres qui n’ont plus ni patrie, ni famille, ni