Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

LA JOURNÉE SALONICIENNE 187

assurer la plus difficultueuse des retraites et tenir tête en même temps à la duplicité grecque — qui représente aujourd'hui la France et une grande cause sur cette terre tragique de Macédoine — l'homme quilutte ici depuis dix terribles semaines et comme général, etcommeadministrateur,et comme diplomate, et comme Français — l’homme qui demain peut-être, parmi ses soldats, combattra, le mousqueton au poing, dans le combat suprême — cethomme vit là dans cette humble école.

Entrez-y. Le général Sarrail est parfois visible. Ah! ces éclairs d'indomptable volonté qui passent dans ce regard calme, souriant même. Je l’ai vu sourire. Un beau joueur. Il faut l'être ici, je vous assure. Et cette voix, qui soudain se fait sourde, martèle les mots : « Ce repli, je l’ai voulu... L’ennemi ne me l'a pas imposé... Je reste maître de tous mes mouvements... S'ils veulent me couper la route, ils n’ont qu'à essayer... Je saurai les recevoir... »

La journée salonicienne touche à sa fin.