Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

188 LE DRAME SERBE

La nuit est venue. Quel monde d'inconnus nousréserve demain ? En rentrant dans votre logis, d’où peut-être bientôt vous entendrez gronder la voix du canon, jetez un coup d'œil au beuglant qui est sur le quai du RoïGeorges. Une petite chanteuse française, d'une voix aiguë, y chantele couplet patriotique. Ne souriez pas! C’est très touchant, cette pauvre petite fille qui a lächélerefrain de la gommeuse pour, elle aussi, dans le monde restreint où elle peut quelque chose, venir servir la cause d’une lointaine patrie... Et elle chante. Des officiers alliés crient : « Bravo! » Comme la fillette est jolie, des officiers grecs applaudissent en mesure. Dans cette salle de beuglant, vous avez la vision rapide d'un bataillon d'evzones qui, de la frontière grecque, aperçoit les Bulgares aux prises avec les Alliés et qui, sans ordres, de lui-même, met la baïonnette au canon, s'élance aux côtés des capotes bleues pour lutter avec elles contre l'ennemi séculaire, les Bulgares tortionnaires de Sérès et de Drama.