Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

{INTRODUCTION HISTORIQUE. 67

mois avait coûté à la Turquie neuf cents prisonniers, quatre mille cinq cents morts, quatre à six mille blessés et malades et trente-cinq millions de piastres. Sur Ja fin d’ail (1853), le prince Danilo ; accompagné de son oncle Pierre, président du sénat, et de plusieurs sénateurs, se rendit à Vienne pour remercier personnellement l’empereur de l'attitude manifestée par son gouvernement , dans le cours des grands événements qui s'étaient accomplis, et peu de temps après eurent lieu les fiançailles du prince avec Darinka Kuechich. Cette même année fut signalée par la distribution d’un grand nombre de croix et de médailles aux guerriers qui s'étaient signalés dans les dernières luttes, et par la cousécration épiscopale de l’archimandrite Nicanor Ivanotit) Niegoche, originaire de la bourgade de Dernis en Dalmatie. La question d'Orient surgissait cependant de nouveau, et tout faisait supposer à Saint-Pétersbourg que le Monténégro saisirait l'occasion qui s’offrait à lui de venger les victimes des dernières querres, en unissant ses armes à Ja Russie. Aussi la Turquie elle-même, dans cette prévision, dirigeait un premier corps de six mille hommes sur les confins d'Herzégovine, entre Tastidia, Gasko et Trébigné, signifiant en même temps à Tsettinjé la déclaration de guerre qu'elle venañt d'adresser à la Russie. L’Autriche de son côté engageait de toutes ses forces le prince Danilo à la neutralité, et celui-ci, décidé à l’observer, lançait les ordres les plus sèvères contre les bandes qui, dès le mois de novembre, avaient assailli les Turcs sur divers points. Le mécontentement fut presque général dans une population si peu habituée à se voir enchaîner en face de son mortel ennemi, et d'autant plus que le président du sénat, Pierre Petrovitj, frère du défunt vladika, appartenait au parti de la guerre. Sur ces entrefaites, un complot vrai ou supposé, dans lequel entraient le président et le vice-président du sénat, ainsi que plusieurs personnages considérables du pays, fut dénoncé au prince qui, avec sa violence ordinaire, allait faire fusiller tous les coupables, quand ceux-ci, à l'exception du vice-président, George Petrovilj, n'eurent que le temps de