Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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s'enfuir sur le territoire autrichien. Danilo n’osa pas du resle faire arrêter George, dont la popularité dans le pays eut rendu cette mesure dangereuse pour le prince lui-même. Au commencement de 1854, les Monténégrins élevèrent des retranchements sur les points de leurs frontières dont les défenses naturelles paraissaient insuffisantes, tandis que les Tures , sous les ordres d'Anap Pacha, s'avançaient de Monastir, de Trébigné et de Gasko vers le Monténégro. Mais, conseillé de nouveau par l'Autriche, Danilo continua de prescrire aux siens une attitude de réserve absolue, bien que la provocation fût évidente. Au mois de mars seulement, il demanda au pacha de Mostar des explications sur la présence d’un corps de huit mille Turcs sur sa frontière, et ne les ayant point obtenues satisfaisantes, il protesta à Constantinople sans plus de succès. Il crut alors pouvoir laucer une proclamation adressée à ses capitaines, et par laquelle il demandait à connaitre nominalement tous les hommes sur lesquels il pouvait compter dans le cas d’une lutte suprême contre la Turquie. Mais à la suite de sévères représentations faites par l'Autriche, il dut assumer de nouveau vis-à-vis des siens la responsabilité d’une neutralité dont personne ne voulait. En dépit des prudentes re commandations de leur chef, les Monténégrins menaçaient, au printemps de l'année suivante, de tenter un coup de main sur Antivari, dès que l’armée russe, qui opérait alors en Bulgarie, aurait mis les pieds en Roumélie. Ils eussent certainement réussi dans l’accomplissement de leur dessein si Danilo se fût laissé entraîner; mais jusqu'au mois de juin il sut encore les retenir, sous le prétexte que des actes anciens forçaient le Monténégro de soumettre ses propres décisions à celles de l'Autriche.

Le 3 juin, les troupes monténégrines en observation du côté de l'Herzégovine , se jetèrent subitement sur cette pror vince, pillant et ravageant de tous côtés. Un firman impé= rial fut immédiatement adressé au gouvernement dés provinces voisines de la Tsernagore, prescrivant des mesures de répression et annonçant que celles-ci étaient du reste