Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

10 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

où Danilo institua une sévère enquête sur les faits accomplis. Mais sans attendre le résultat de celle-ci, ilfit d’abord payer à chaque famille une contribution de querre. Sur la demande qui en fut faite par le prince, le commandant de Spuz lui remit les chefs des insurgés qui, avant de recevoir leur pardon, expièrent cruellement, par la confiscation de leurs biens et par d’autres sévices, 1" faute qu’ils avaient commise,

Frappé de l’état de délabrement de ses finances, Danilo crut pouvoir recourir à l'Autriche pour en obtenir un fructueux protectorat, qu’elle refusa absolument d'accorder. Alors le prince dut, comme ses prédécesseurs, se retourner vers la Russie et, comme préliminaires, il ordonna trois jours de jeûne pour le succès des armées du tsar dans le Levant. Quand, au mois d'avril suivant, arriva la nouvelle de la mort de Nicolas Le, il prescrivit de nouveau un deuil public de quarante jours et des prières pour appeler la bénédiction du ciel sur le nouvel empereur. Alexandre Il, peu de temps après, envoya au prince et au Monténégro l’expression de sa reconnaissance et en même temps de ses sympathies. Le 24 janvier de cette même année (1855 ), avait lieu à Tsettinjé le mariage du prince avec Darinka Kuechich, qu'une députation, conduite par George Petrovit) ; président du sénat, était allée chercher à Trieste. Le 6 mai, furentlus devant Maséemblés du peuple, le décret relatif à la sucession princière, et le Code civil et pénal, qui devait être mis en vigueur le 23 août suivant. Notons, en passant, que le décret relatif à la succession désignait, à défaut de descendance mâle directe, comme héritier du titre de prince, le fils de Mirko Petrovitj, frère de Danilo, c’estàä-dire celui-là même qui règne aujourd’hui sous le nom de Nicolas Le.

A la suite de la déclaration faite par Ali-Pacha dans la séance du congrès de Paris, du 26 mars 1856, le prince Danilo adressa aux puissances une protestation énergique à laquelle était annexé un mémoire dans lequel il affirmait