Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

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servir. Et de là nous ont fait voir plusieurs appentis, l’escurie, la boutique du coustelier, les tonneliers, les serruriers, les menuisiers, puis les dortoirs des tailleurs, les drapiers, les savetiers, les cordonniers, les tricoteurs, puis la panneterie, et ensuite le magazin où sont resserez les habits, linges, souliers, sabots, et autres provisions pour les besoins ordinaires de la maison, dont le sous-econome nous a represente l’estat, par lequel il se void qu'il faut tous les jours aux pauvres qui sont receus grand'nombre d'habits et de chemises, parce qu'ils viennent la pluspart tous nuds. De là nous sommes entrez en la cuisine et despense, où nous avons veu six cens livres de beuf, et six vingts livres de mouton, qui est ce qui se consomme par jour dans ladite maison, tant pour les pauvres qui sont en santé que pour les malades, les ecclésiastiques et officiers. De là au refectoir pour lesdits ecclésiastiques et officiers, proche duquel est une chappelle où se dit la messe dans le temps du grand froid et neige, ausquelles la grande chappelle est exposée. Et ensuite nous avons esté conduits en 26 dortoirs, qui sont depuis le res de chaussée jusques dans les combles de ladite maison, l’un où sont les gardes, d’autres où sont les aveugles. Ceux qui sont attaints du mal caduc, les imbeciles, les ulcerez, les chancreux, les vieillards caducs qui ne sortent point de leurs lits, les paralitiques, les maltaillez, les malades en deux infirmeries, avant que d’estre portez à l'Hostel-Dieu ; et les convalescents tous placez selon leurs incommoditez, et en une cour séparée sont trois chambres ou sont les valides qui ne veulent travailler, ausqueis on ne donne que du painet de l’eaue. Et une autre court et quelques logis appellez les petites prisons, dans lesquels sont mis ceux qui ont esté pris plusieurs fois mandians, pour estre chastiez suivant la déclaration du Roy, avril 1656, dans lesquelles prisons sont vingtdeux personnes, que nous avons enquis du sujet de leur detention, et tant par leur confession que par les billets de renvoy et procezverbaux qui ont este representez, nous avons reconnu que ce sont personnes qui ont esté plusieurs fois repris mandiants apres avoir esté chastiez, pourquoi nous avons reservé aux Directeurs à en user aux termes de la Déclaration. De là nous avons estè conduits dans les caves, où nous avons veu les tisserands et faiseurs de tiretaine, travaillans de leurs mestiers. Et estans montez dans les premier, second et troisième estage, nous avons veu et visité tous les dortoirs, les infirmeries et l’apoticairerie, et le lieu où les Directeurs tiennent leur bureau, et avons trouvé que tout y estoit fort proprement tenu, et sans aucune superfluité ; et ayant interrogé quelques vieillards