Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

TROISIÈME PARTIE. — APPENDICES 241

et infirmes, ils nous ont assurez qu'ils estoient fort humainement traitez, et ayant fait compter dans tous lesdits dortoirs toutes les personnes, ils se sont trouvez au nombre de 1885... Et en visitant ladite maison, ayant senty une fort grande infection, tant à l'endroit de la salle où mangent les officiers qu'au bureau qui est au-dessus, nous nous sommes enquis du sujet de ladite infection. Et nous a esté dit qu’elle provenoit de deux causes, l’une de l’essout de la cuisine qui n’a pas son écoulement au loin, l’autre des lieux secrets, à cause du grand nombre de personnes, et qu’il seroit necessaire de faire ecouler les eaues dudit esgoust dans des carieres assez esloignées appartenantes à divers particuliers, et mesme de transporter lesdits lieux secrets. »

Estrails des souvenirs historiques du père Richard, né en 1769, au château de Bicétre 1.

« Ge marchand (avril 1779) grainetier Dagy, qui par les histoires et les traits qu’il me racontait semblait me faire sentir que surlaterre les méchants sont tôt ou tard punis n’agissait pas toujours lui-même avec cette loyauté qui doit caractériser le marchand conscientieux. Il était fournisseur de la Salpétrière et souvent il portait dans cette maison, des graines de très mauvaise qualité qu’il s'était procurées à vil prix et sur la vente desquels il retirait de grands bénéfices, n’éprouvant jamais de contrariétés dans ses livraisons attendu qu'il n'avait à faire qu’à la Sœur supérieure de l'hôpital ; mais il faillit devenir victime de la fureur des femmes de la Salpétrière auxquelles il faisait manger ainsi des aliments malsains.

Il est vrai que lui seul ne fut pas exposé au ressentiment de ces malheureuses. Déjà une révolte avait eu lieu à la Salpétrière.

Les femmes avaient réuni dans les coursles paillasses de leurs lits pour y mettre le feu; leur exaspération était à son comble. Le gué (sic) que l’on fut obligé de requerir vint prendre possession de l’hôpital. Enfin le lieutenant de police M. Lenoir s'étant présenté pour connaître la cause de cette révolte et porter remède au mal, une femme se présenta à lui, un morceau de pain à la main, et lui dit: «Mon: seigneur, voyez si ce pain est digne d'entrer dans le corps humain. » — « Je ne puis, réponditle lieutenant de police, je ne puis le changer en vingt-quatre heures, attendu que le pain se fait aujourd’hui pour

1. Bibl. Carnavalet, ms, 10400, in-4°.