Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols
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Nous remplirions, M. le Comte, avec plaisir l'office de médiateurs officiels entre les Cours de Rome et de Madrid, mais dans l’état présent des choses, au moment de l'ouverture des Cortes et des préoccupations qui s’y rattachent, alors surtout que la principale affaire du Gouvernement espagnol est de faire sanctionner par cette Assemblée les changements importants qu’il a résolu d'introduire dans la Constitution de 1837, j'ai cru convenable de suspendre toute insinuation au sujet d’une semblable médiation ou intervention de notre part. Vous n'en devrez pas moins continuer vos efforts pour améliorer de plus en plus les dispositions du Saint-Siège à l'égard de l'Espagne et pour le préparer, par l'exposé des faits et des raisonnements les plus capables de faire impression sur lui, à un rapprochement qu’i
doit regarder lui-même comme inévitable.»
La note que, dès son retour à Rome, à l'expiration du petit congé qu'il avait passé à Naples, Latour-Maubourg adressait à Guizot (1) n’était pas aussi optimiste qu'il aurait désiré. Il était obligé de reconnaître que les nouvelles qu’on venait de recevoir de Madrid sur les dissensions intestines du Ministère pourraient bien confirmer le Saint-Siège dans un système de temporisation et d’atermoiement relativement à l'Espagne. Il ne se dissimulait pas que la dissolution du Cabinet espagnol ne manqueraïit pas de rendre la politique du cardinal Lambruschini vis à vis de ce Pays encore plus méticuleuse et plus réservée.
Les Cabinet des Tuileries de son côté persévérait plus que jamais dans la ligne qu'il avait adoptée; et comme le Ministère espagnol appréciait de plus en plus le prix de l’appui de la
(1) Rome, Volume 085, n° 166, folio 179. Latour-Maubourg à Guizot Rome, 12 octobre 1844.