Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols
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France, de la médiation dont elle était prête à se charger, le Département n'hésitait pas à recommander à l'Ambassadeur d'agir le plus efficacement et le plus énergiquement qu'il le pourrait sur le Saint-Siège de façon à le convaincre de la nécessité de s'entendre sans plus tarder avec l'Espagne.
«Je vous envoie ci-joint, mande de Paris, le 4 novembre 1844, le Département à Latour-Maubourg, l'extrait d’une dépêche de M. le comte de Bresson (1), touchant l'usage qu'il a fait auprès du Cabinet espagnol des informations que vous m'avez transmises sur les dispositions du Saint-Siège à l'égard de l'Espagne. Le Cabinet persévère dans les siennes envers la Cour Pontificale et M. Martinez de la Rosa fait précisément les mêmes réflexions que j'énonçais dans une de mes précédentes dépêches sur l’intérêt que le Saint-Siège devrait mettre à profiter de la présence au pouvoir d'hommes aussi bien intentionnés que le sont les Ministres actuels de la Reine pour régler avec eux les affaires religieuses de l'Espagne.
Vous remarquerez aussi que M. Martinez de la Rosa, sans Y être excité par aucune insinuation, ni ouverture de notre part, se montre tout disposé à nous prendre pour médiateurs entre les deux Cours. J'attendrai néanmoins qu’il nous fase quelque comunication à cet égard.
En tout état de cause, vous devez continuer d'agir, autant que vous le pourrez, dans le but d'amener le Saint-Siège à se dépar- . tir de son système de temporisation et à consulter un peu’ plus les intérêts de la Religion en saisissant l’occasion qui s'offre À lui de traiter avec l'Espagne. Ne serait-il pas déplorable de le voir subordonner ce que réclament ces grands intérêts à de vagues éventualités ou à des espérances chimériques telles, par exemple, que l'espoir d’un mariage du fils aîné de don Carlos avec la reine Isabelle! L'Espagne ne veut point d’une semblable
(1) Cet extrait ne figure naturellement pas dans le volime. Rome, 1985.