Le système continental et la Suisse 1803-1813

Fin de la crise, — Sentiments qu’elle a provoqués en Suisse.

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sans passer par l'intermédiaire de la légation ‘. Napoléon y déclarait sans autre forme de procès la propriété étrangère soumise dans son ensemble à la réexportation en France et sous les conditions indiquées au mois d’avril. Toute l’affaire devait se liquider dans un délai de quarante jours, sous la direction de l’inspecteur ; on voulait bien fermer les yeux sur les quantités heureusement peu considérables de marchandises restituées aux Etats allemands.

Il fallut se résigner à subir cette dernière violence. Pour la forme, le Landamman notifia encore le 9 juillet aux cantons son intention de respecter la propriété allemande. Mais il n’osa pas réclamer en faveur des commerçants qui déclaraient ne pouvoir se conformer aux nouvelles prescriptions de l'Empereur sans être ruinés. Les opérations suivirent leur cours. Le délai pour le transfert des denrées en France fut encore prolongé par le Directeur général des douanes françaises, le comte de Sussy, jusqu’au 1% octobre 1811. Ce n’est guère qu'à partir de ce moment qu'on put tenir pour terminée l’évacuation du territoire suisse par les marchandises étrangères?.

Avec le dernier convoi disparut Lothon, vivante incarnation des tracasseries dont la Suisse avait été abreuvée. On avait vécu durant son séjour dans l’appréhension de nouvelles complications et son départ provoqua un soulagement général. Il s’en fallut de peu que la Confédération n’eut à subir,

1 Ce procédé constituait, au point de vue diplomatique, un manque d’égards regrettable. Il témoignait des allures autoritaires que Lothon affichait en Suisse. Le Landamman, blessé de l’attitude du fonctionnaire français, se refusa à reconnaître sa mission officielle sans confirmation de Talleyrand. Celui-ci, cela va de soi, se hâta de donner pleins pouvoirs à l’inspecteur.

Recès, 1811, Appendice H; — Note de Talleyrand du 3 juillet.

2? En juillet, il ne restait plus à l’étranger sous séquestre que quelques partis de cotons du Levant de propriété suisse ; ils furent relâchés peu après. Le sort des quelques denrées confisquées de propriété allemande ne semble pas avoir exercé d'influence sur la libération de la propriété suisse dans les Etats de la Confédération du Rhin, preuve du peu de dommage que la propriété allemande subit en Suisse.