Le système continental et la Suisse 1803-1813

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dans cette série d’humiliations, la honte suprême des autodafés qui, institués par le décret de Fontainebleau, s’allumaient sur tous les points de l’Europe, entre autres dans la principauté de Neuchâtel et à Genève, à deux pas de la frontière suisse ?.

Les derniers mois de l’année 1810, avec leur succession d'émotions et d’inquiétudes, avaient donné à toutes les classes de la population le sentiment très net que la fin de la Confédération était proche ; l'occupation du Tessin surtout apparaissait comme le prélude d’une annexion générale 3.

Au milieu du découragement des autorités et de la morne résignation du peuple, quelques voix indignées avaient osé se faire entendrè; mais la crainte d’attirer sur le pays de nouveaux malheurs leur avait fait promptement baisser le ton #,

1 En novembre 1810, à Francfort, un seul autodafé, qui avait consumé pour 400 000 francs de marchandises, donne une idée des dimensions prises par ces exécutions.

Gem. Schw. Nachr., 29 novembre 1810.

? A Neuchâtel, dix jours après le séquestre, on avait brûlé, comme marchandises anglaises, 100 aunes de mousseline, 480 de drap, flanelle et autres étoffes en laine, 102 aunes de velours-coton, 70 d’étoffes diverses, 32 chandeliers, quelques articles de quincaillerie, 2 girandoles. A Genève, le 9 décembre 1810, on détruisit par le feu 4399 pièces de toile de coton, 1007 pièces de mousseline, 1740 pièces de mouchoirs de percale, 490 pièces de basin, 956 kg. de cotons filés, 1120 kg. de cuir tanné. Les autodafés se renouvelèrent dans les années suivantes, entre autres le 28 avril 1812 sur la Place Bel-Air, et le 23 janvier 1813 sur la place des Bastions.

Arch. Genève, Contrebande, Douane 1810, 1812, 1813. ; — Verdeil Gaullieur, 4,104 ; — Tribolet, p. 60.

$ « Les mesures rigoureuses et injustes contre toute espèce de commerce des denrées coloniales deviennent de plus en plus menaçantes et l’on ne peut se défendre de l’idée inquiétante que la dernière heure de notre existence politique va bientôt sonner. »

Lettre de David de Wyss du 28 décembre 1810 ; Wyss, I, p. 555. Voir sur l'agitation dans le canton de Berne, Tillier, I, p. 405.

# «Les procédés des puissances voisines nous font revenir aux temps barbares du droit du plus fort : séquestrer, taxer, confisquer la propriété privée acquise sous la garantie légale en pleine paix et sécurité, ce n’est pas autre chose en somme que ce que faisaient les anciens chevaliers pillards…. De pareils procédés détruisent tout sentiment de droit et démoralisent to