Le système continental et la Suisse 1803-1813

La Députation ‘suisse à Paris en 1811.

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Sans avoir pu réaliser toutes ses intentions à l'égard de la Suisse, l'Empereur avait pourtant, par les mesures de Trianon, exécuté une partie importante de son programme ; il avait ébranlé le commerce des cantons jusque dans ses fondements et tout spécialement il avait porté à l’industrie cotonnière un coup terrible. Après cette longue crise, quelques mois au moins de libre activité économique eussent été indispensables à la Suisse pour lui permettre de reprendre des forces. Hélas! C’était, au lieu du répit espéré, le bouleversement général de l’Europe qui commençait, amenant la paralysie complète des affaires et du commerce. « Tout souffre, » disait justement Eugène Beauharnaïs. Il ajoutait en manière de consolation: «On peut même être heureux de beaucoup souffrir parce que les grands maux ne durent pas longtemps. »

Le Tessin sous les baïonnettes étrangères, le pays à deux doigts de sa ruine, telles furent les conditions dans lesquelles se réunirent d’abord la Diète extraordinaire, en avril 1811, à Soleure, puis la Diète ordinaire, en juillet. L'Assemblée fédérale était restée jusqu'ici singulièrement passive et comme paralysée par la crainte de déplaire à la France. Devant le tableau lamentable qui s’offrait à elle, elle parut reprendre un peu la notion de ses devoirs. Elle manifesta quelques velléités de venir en aide à l’industrie et de soulager la misère générale. Le jeune député Sidler, de Zoug, dont le discours chaleureux, conçu du reste en termes parfaitement corrects, tranchait avec la pompe des harangues habituelles, exprimait «l’espoir que les Confédérés ne sacrifieraient jamais, pour lexistence elle-même, ce qui fait la valeur de lexistence.» Malgré les résultats décourageants de tous les

les peuples. » J. Georges Muller écrivait déjà en 1806 : « Qui peut être sùr de sa personne et de sa propriété et où peut-on en être sùr ? Cette insécurité est le plus grand malheur possible et agit de la manière la plus fâcheuse sur le caractère des peuples. »

Lettre du conseiller Steiner, de Berne, à David de Wyss, datée du 12 novembre 1806 ; Wyss, L, p. 355 ; — Lettre de J.-G. Muller du 26 avril 1806 ; Haug, p. 395.