Le système continental et la Suisse 1803-1813

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appels adressés jusqu’à présent à Paris, on n'avait pas perdu l’espoir d’améliorer le sort de la Suisse par voie diplomatique. La naissance du roi de Rome, survenue le 20 mars, avait été accueillie en Suisse, malgré la tristesse du moment, comme un événement national. Dans beaucoup de cantons le canon avait tonné; des Te Deum solennels avaient été célébrés; le Tessin même s’était fait violence pour affecter une apparence joyeuse. De nouveau, une ambassade de félicitations s’imposait! et le Landamman se mit en mesure de l’organiser dès la première nouvelle. Un des principaux instigateurs de la mission fut Muller-Friedberg.

Les intentions de l’homme d’Etat Saint-Gallois n’étaient pas mal intéressées. Habile, ambitieux, il désirait se mettre en avant et se rendre populaire dans son canton. Il s’était engagé à faire passer avant d’autres questions capitales (entre autres celles qui touchaient aux régiments suisses au service de la France et à l’évacuation du Tessin) l’objet qui tenait le plus à cœur à ses concitoyens, l’introduction des produits manufacturés suisses en France contre des droits modérés. Grâce à ses intrigues, il fut en effet désigné pour faire partie de la députation composée en outre du Landamman von Flüe d’Obwald et du Bourgmestre Reinhard de Zurich, ancien Landamman. Ce dernier était chef officiel de la mission.

Dès le début, une sourde hostilité se manifesta entre Muller-Friedberg et Reinhard. Tout y contribuait : le jacobinisme du Saint-Gallois opposé au conservatisme du Zuricois, la jalousie inévitable que provoquait chez le premier la situation privilégiée du second, enfin la manière différente dont ces deux hommes comprenaient leur mission. Muller

1 Avant la naissance du prince impérial déjà, le Directoire commercial de

Saint-Gall, poussé par Muller-Friedberg, avait engagé son gouvernement à agir dans ce sens auprès du Landamman, à Berne.

Wartmann, p. 285.

1 Reinhard ne se trouvait pas non plus dans les meilleurs rapports avec Maillardoz, l’envoyé suisse à Paris.

Lettre de Reinhard à David de Wyss du 19 juillet 1811. v. Wyss, I, p- 558. :