Le système continental et la Suisse 1803-1813

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voulait tout sacrifier, même le district de Mendrisio qu’il considérait comme perdu, pour obtenir l’importation des mousselines. Tandis qu’il négociait dans ce sens pour son propre compte, Reinhard concentrait ses efforts sur l'évacuation du Tessin par les troupes françaises. Dans leur correspondance, les deux rivaux se répandaient en plaintes amères l’un sur l’autre. On comprend que dans ces conditions les chances de succès de la députation eussent été fortement réduites.

Le 14 avril, dimanche de Pâques, eut lieu la première audience, l'Empereur, suivant son habitude, passa rapidement sur les sujets qui lui déplaisaient, spécialement sur laffaire du Tessin et la question commerciale. Sur ce dernier point il avait bien manifesté d’abord des intentions favorables, mais après quelques paroles brèves, il renvoyait les députés à son ministre Montalivet en ajoutant qu’il serait heureux de recevoir un mémoire à ce sujet. Muller-Friedberg, plein d’espoir, rédigea en hâte le document demandé, d’après un programme discuté d'avance avec le Directoire de Saint-Gall. Son œuvre qui ne laissait rien à désirer pour la clarté et la précision, formulait quatre postulats:

1° L’importation des cotons venant du Levant par l’Illyrie aux mêmes conditions que pour les Français.

2° La libre importation en Suisse des cotons de Naples et de Rome.

3 La faculté d’importer en France des produits manufacturés suisses avec un droit de 21/, de la valeur. Au cas où l'Empereur se refuserait à lever entièrement la prohibition on lui demandait de faire cette concession pour une certaine quantité limitée de marchandises !.

4 On sollicitait enfin la même faveur pour les produits suisses dans le royaume d’Italie et leur libre transit à destination de la Turquie, de Naples et de l'Espagne.

Montalivet reçut les députés avec une extrême politesse,

Gonzenbach, p. 115.