Le système continental et la Suisse 1803-1813

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confiance de Reinhard dans l’étoile de Napoléon. A la fin d'avril PEmpereur avait repris l’offensive dans la brillante campagne de Silésie et rétabli sa situation en Allemagne.

La Diète, encore sous l’impression des dernières victoires françaises, se réunit en juillet 1813 à Zurich. Comme on peut le croire, dans ces circonstances, elle ne changea rien à la politique indécise et inquiète adoptée par le Landamman. Une fois de plus elle procéda au renouvellement des stationsfrontière; une fois de plus, Heer présenta son rapport et ses comptes. Les mêmes plaintes sur l’état lamentable du pays arrivèrent à l’Assemblée fédérale, sans que celle-ci se risquât à faire à Paris une nouvelle démarche. Au reste, les intérêts commerciaux disparaissaient pour faire place à des préoccupations plus graves.

La Diète se sépara au moment où venaient de se suspendre les négociations engagées entre l'Empereur et ses adversaires. Avec la rupture du Congrès de Prague (10 août 1813) commençait la dernière phase de la guerre d’Allemagne, qui allait aboutir à la catastrophe de Leipzig. Les semaines qui suivirent (août à octobre 1813) furent aussi pour la Suisse un temps d’inquiétude fiévreuse accrue encore par les menées des partisans de l’ancien régime enhardis par l'approche des armées alliées. Toute vie commerciale était suspendue ; seuls, quelques spéculateurs audacieux tiraient parti des nouvelles politiques grossies par les imaginaüons!. D’autres, à la suite des armées, réalisaient au prix de mille dangers des bénéfices considérables.

De toutes parts, le système continental faisait eau. Impuissante à arrêter les infiltrations de la contrebande, la Suisse

‘ Les fausses nouvelles répandues en Suisse provoquèrent à Berne les réclamations irritées du ministre Talleyrand. Dans une note au gouvernement de Saint-Gall, le Landamman recommandait une extrême prudence aux commerçants «qui par leurs racontars sur les places publiques et leurs communications écrites, répandent des bruits reconnus dans la suite pour faux et sans fondement, +

Wartmann, p. 301.