Le système continental et la Suisse 1803-1813

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Ce tableau rapidement esquissé suffit pour faire voir à quel point l’industrie des cotons était devenue la base de la prospérité industrielle en Suisse, base à laquelle on ne pouvait désormais toucher sans atteindre en même temps le bienêtre du pays tout entier.

Parmi tous les débouchés ouverts aux produits manufacturés des cantons, la France, de par sa proximité et sa situation industrielle, occupait une des premières places. Ce pays, comparativement à la poussée puissante de l’industrie des cotons chez d’autres peuples, n’avait réalisé dans ce domaine que peu de progrès. Dépendant de l’étranger et en guerre continuelle avec l'Angleterre, il s’était tourné vers la Suisse. Il constituait le principal débouché des mousselines et des. cantons orientaux, ainsi que des cotonnades et toiles blanches qui approvisionnaient les fabriques françaises de tissus imprimés; les indiennes de Zurich, Argovie et Bâle qui remplissaient les entrepôts de Lyon et de Marseille étaient adoptées par le peuple. La France recevait enfin l’excédent de la production des filés suisses.

Les maisons saint-galloises et zuricoises de Lyon, puissamment montées, se chargeaient d’écouler toutes ces marchandises en province ou d’en diriger le transit sur l'Espagne. Pendant la plus grande partie du dix-huitième siècle, ce commerce actif n'avait rencontré aucun obstacle. Bien au contraire, grâce aux antiques privilèges dont ils avaient été gratifiés par le gouvernement français, les marchands suisses Jouissaient dans le royaume d’une liberté plus grande que dans leur propre pays.

Les prohibitions de l’année 1781, bien qu’émanant officiellement du gouvernement français, ne changèrent rien en fait à l'intensité de ces rapports commerciaux. Les articles suisses étaient devenus trop indispensables en France pour que les ressortissants des deux Etats n’eussent pas un égal intérêt à tromper la douane. Mème les troubles et les assignats de la Révolution n’avaient causé qu’une interruption