Le système continental et la Suisse 1803-1813

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cependant pas de témoignage prouvant l'exclusion des toiles de lin, au moins ne sont-elles pas comprises dans les mesures de brumaire 1803 et février 1806 !.

C’est plutôt dans leurs matières premières que l'Empereur voulait frapper ces deux dernières industries.

Dès la première heure, le Premier Consul avait tendu à réserver aux négociants de Lyon les soies brutes d'Italie ou tout au moins le premier choix des matières. En 1803 déjà, on avait institué un tarif de faveur pour les exportations du Piémont en France par la route de Lyon au détriment de celles qui passaient la frontière à Nice. En 1805, Bonaparte interdisait l’exportation des soies piémontaises à toute autre destination que la France ?.

À l’égard du lin, il avait agi plus promptement encore, car en 1804, tous les chanvres et lins de Belgique, ceux des départements du Haut et du Bas-Rhin se voyaient déjà fermer la route de Suisse ?.

La prohibition des produits manufacturés suisses était appliquée à tous les pays annexés par la République. Elle empêchait le transit par la France à destination de l'Espagne et embarrassait sérieusement la route de Gênes. Elle fermait à la Suisse les Pays-Bas et hérissait de douanes toutes les routes commerciales du Rhin.

Dans les cantons, les conséquences de cette première campagne ne tardèrent pas à se faire sentir, principalement sur

1 Nous n’avons pu découvrir la date du décret de prohibition des soieries qui doit remonter déjà à quelques années en arrière. Quelques partis de toiles de lin mentionnés dans les importations légales de Suisse allemande dans le département du Léman en 1808 montrent que cet article n’était pas entièrement prohibé.

Arch. Genève, Industrie, 499, 1, 1808.

2 La sortie des soies du Piémont était limitée désormais aux trois bureaux de Gênes, Lyon et Nice.

Gem. Schw. Nachr., 13 avril 1805.

3 Ce décret portait la date du 26 messidor an XII (15 juillet 1804). Très évidemment, l'exportation des lins avait été contrariée depuis un certain temps déjà, puisqu'on entend à ce sujet les plaintes des fileurs et des tisserands bernois dès le mois d’octobre 1803.

Décrets sur les soies d’Italie et les lins d'Alsace.

Contre-coup de ces mesures en Suisse. Le Mémorial de Winterthour.