Le système continental et la Suisse 1803-1813

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débouchés méridionaux, celui de l'Espagne en tête, lui causaient des dommages considérables ; plus encore les décrets contre l’exportation des lins et des chanvres du Haut-Rhin lui étaient funestes.

Les districts thurgoviens, qui produisaient eux-mêmes le lin en abondance et s’approvisionnaient pour le reste en Souabe, souffraient relativement peu de ces mesures; mais les fileurs et tisserands bernois, moins favorisés, habitués à tirer d'Alsace la plus grande partie de leurs matières premières, s’émurent vivement !. Des pétitions inquiètes parvinrent au Directoire commercial; celui-ci, de son côté, tenta auprès du général Ney des démarches réitérées. Le gouvernement français ne pouvait-il autoriser la Suisse à importer une quantité limitée de lin et de chanvre qui serait rigoureusement réservée à l’industrie du pays?? Malgré le bienveillant appui de Ney, on garda le silence à Paris sur ce point comme sur tant d’autres. |

En 1805, le Directoire fit une nouvelle tentative; dans son mémoire, il avançait la quantité énorme de matières textiles que produisait le territoire français et l’intérêt qu’avaient les Alsaciens à écouler leurs lins et leurs chanvres chez leurs voisins ?. Tous les efforts restèrent inutiles. La question reparaîtra désormais, sans jamais recevoir de solution, dans toutes les réclamations de la Diète à la France.

De toutes les industries suisses, la moins éprouvée était

‘ Les deux tiers de la fabrication du district de Sumiswald, par exemple, étaient alimentés par des lins alsaciens.

Arch. Berne, Man. des Kommerz., 3 janvier 1804.

? La quantité minimale des matières textiles dont le directoire de Berne demandait l'importation était de 4000 quintaux de lin et 2000 quintaux de chanvre, Le tout aurait été acheté au compte d’un commerçant de Berne, réparti ensuite entre diverses maisons du canton et vendu aux tisserands.

Arch. Berne, Man. des Kommerz., 25 et 31 octobre 1803 (8 brumaire an XII), 5 janvier 1804.

$ Ce mémoire, adressé au Ministre de l'Intérieur, s’exprimait à ce propos de la manière suivante : « Ce serait une mesure libérale qui ne serait d’aucune importance pour l’Empire français, pris dans sa masse, mais vraiment aux départements français et aux Suisses, ses anciens alliés. »

Arch. Berne, Man. des Kommerz., 23 janvier 1805.