Le système continental et la Suisse 1803-1813

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celle de la soie; ce qui tenait à diverses circonstances que nous verrons persister encore quelques années.

La fabrication des soieries avait reçu un coup sensible par la perte de certains marchés du Midi et de la Hollande entière envahie par les marchandises françaises. Mais la France, débouché si important pour l’industrie des cotons, représentait pour elle un facteur de prospérité beaucoup moins indispensable. Habituée de tous temps à la concurrence des produits de Lyon, l’industrie des soies n’avait pas été prise au dépourvu par les prohibitions, elle avait plus facilement pris son parti de la situation qui lui était faite sur les marchés de l’Empire; de plus, son principal débouché, lAllemagne, lui restait encore ouvert.

De même, si les fabricants de Bâle et Zurich avaient perdu les soies brutes du Piémont annexé à la France, ils conservaient encore celles du royaume d’Italie et leur travail continuait dans des conditions très acceptables. Au moins n’enregistrons-nous aucune plainte de leur part.

Nous avons passé en revue la succession des terribles mesures qui avaient frappé coup sur coup la Suisse et que suivit immédiatement le séquestre de Neuchâtel. On comprendra aisément le véritable affolement qui dans ces conditions s’était emparé de la classe commerçante et industrielle au début de 1806.

Devant le danger impérieux de cette situation, et l’insuccès évident de toutes les démarches officielles, que faire? Où trouver un remède ou du moins un palliatif? Cette préoccupation angoissante domine tous les esprits ; elle apparaît dans les correspondances privées, dans les feuilles publiques et les délibérations des directoires commerciaux. On voit se dessiner nettement en Suisse deux courants. L’un est représenté

1 «On conçoit en Suisse qu'une diminution sur les marchandises de soie soit plus difficile, car la France a déjà un superflu de ces marchandises. » (Avant-projet pour le Mémorial de 1805.)

Arch. Zurich, Prot. des kaufm. Direkt., 21 janvier 1805.

Attitude de l’opinion publique en présence de la crise économique .