Le système continental et la Suisse 1803-1813

Perte du débouché de l’Es-

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production notoirement insuffisante des fabriques françaises d’indienne, ne devait pas être de longue durée.

Quelques mois après, en 1807, l'Empereur interrogeait de nouveau au sujet de la production des toiles peintes en Italie!. Au cours d’un voyage, jugeant sa besogne incomplète, il lançait de Turin un décret spécial, destiné à assurer définitivement le libre jeu des manufactures d’indiennes françaises et l’exclusion de leurs concurrentes ?. En même temps, pour combattre plus sûrement les produits étrangers, il favorisait d’une prime toutes les marchandises françaises de coton. exportées en Italie ÿ.

Avec la marche victorieuse de la politique française, le système continental envahissait graduellement la Péninsule. En 1805, on avait transformé la république cisalpine en royaume d'Italie, formé de la Lombardie et de la Vénétie et accru ensuite de Parme et Plaisance. Naples devenait, sous le gouvernement de Joseph Bonaparte, puis de Murat, un Etat vassal de la France. Suivaient en 1808, l’incorporation de la Toscane et enfin le 17 mai 1809, l’annexion des Etats du Pape auxquels leur situation géographique sur les deux mers attribuait une grande valeur. Cette extension était, du côté de l'Italie, importante à double titre pour la Suisse.

En effet, la Péninsule n’était pas seulement un marché, elle était aussi une voie capitale de transit pour le Levant ainsi que pour l’Espagne. L’interruption de toute circulation commerciale en Italie entraïînait donc la perte de ce dernier débouché. L'Espagne, qui dépendait au dix-huitième siècle de l’industrie étrangère, procurait à la Suisse une assez belle clientèle. Malgré les prohibitions et les tarifs promulgués par son gouvernement, il s’écoulait chaque année dans ce pays une quantité respectable de tissus de coton et surtout de toi-

1 Note au ministre de l'intérieur et du commerce ; — Corresp. 3 juillet 1807.

2? Le décret du 25 décembre 1807 défendait l'importation des toiles de coton et toiles peintes par toutes autres frontières que celles de France.

Corresp. Napoléon à Eugène Beauharnais, 28 décembre 1807. 3 Arch. Genève, P.H. CCCX, 568, 12 décembre 1811.