Le système continental et la Suisse 1803-1813

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leries que, pour une bonne part, la contrebande se chargeait d'introduire. Jusqu'à la fin du siècle, le transit s'était opéré soit par la France soit par l'Italie par les ports de Gênes et Livourne !. La révolution et les guerres qui l’avaient suivie avaient rejeté ce trafic tantôt sur l’une, tantôt sur l’autre de ces routes. Au commencement du dix-neuvième siècle ces fluctuations s’étaient terminées par la fermeture définitive de la voie française, alors que d’autre part la route italienne était obstruée d’obstacles de toute sorte ?

La réduction des rapports économiques avec l'Espagne était d’autant plus sensible qu’elle succédait à la perte des marchés de l'Empire. En Suisse, on avait cherché à renouer ces relations dans la mesure du possible. Des tentatives avaient été faites auprès du Premier Consul, on Pa vu plus haut, pour obtenir sinon le rétablissement du transit par la France, du moins quelque allégement au transit sur Gênes. On avait engagé en même temps avec l'Etat espagnol des négociations qu’on poussa en 1804 jusqu’à l’élaboration d’un projet de traité de commerce ?.

Ces efforts échouèrent sur toute la ligne et le traité avec l'Espagne fut abandonné en 1806. Nous connaissons l’issue

! Ce trafic sur l'Espagne s’opérait aussi, mais rarement par Ostende. D’après les indications de Wartmann, il comprenait pour le Re de SaintGall seul, 1000 à 1100 ballots de toileries:

2 Les mesures prohibitives françaises de 1781 suivies des troubles de la révolution avaient déterminé le premier mouvement sur Gênes. Les guerres de Lombardie de 1794 à 1796 avaient forcé les marchands suisses à revenir aux'anciennes routes de France. Enfin le rétablissement de l’ordre en Italie après 1796 avait reporté tout le trafic sur la péninsule.

Wartmann, p. 179.

# La question d’un traité de commerce avec l'Espagne préoccupait depuis plusieurs années les cercles commerciaux de la Confédération. Le projet de 1804 prévoyait pour l'importation des produits manufacturés suisses de soie et de lin les conditions avantageuses accordées aux produits français. Il fixait un droit maximal de 20 % de la valeur sur les tissus fins de coton et de 12 % sur les articles ordinaires.

Arch. Zurich, kaufm. Direkt. Ally., 25 juin 1794; — Mémoires sur les relations de l’Helvétie avec l'Espagne, 1800, Revue historique vaudoise, 1897, p. 239 ; — Repertorium, Appendice 12 (projet du traité de commerce).