Le système continental et la Suisse 1803-1813

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Espagne, il songe aux manufactures. Il ne cesse de témoigner un vif intérêt pour les soieries de Lyon et use de tous les moyens jusqu'aux plus bizarres, pour favoriser leur écoulement. Il ira jusqu’à en faire une véritable monnaie et il aura la prétention d’en user pour solder les achats faits en Europe par ses fonctionnaires !.

L'extension des mesures impériales n’avait pas seulement réduit les débouchés de la Confédération dans des proportions terribles. Elle compromettait sérieusement aussi l'importation des matières premières dont s’alimentait l’industrie et que les premières années du système continental avaient relativement épargnées. Avant tout, elle menaçait le commerce des cotons bruts dont nous allons maintenant noter les variations.

Des deux grandes catégories de cotons dont s’approvisionnait la Suisse, c’est à celle des cotons d’outre-mer que le blocus des côtes va porter le coup le plus sensible et qu'il chassera en premier lieu du continent.

On peut passer sous silence les cotons des Indes occidentales (colonies françaises) qui, importés par le Havre et Nantes, tenaient autrefois la première place parmi les maüères textiles de provenance américaine 2. Interceptés de toute part pendant la période révolutionnaire, ils n’arrivent plus en Suisse que par quantités insignifiantes. Sous la Médiation, ils ne comptent plus. Leur disparition devait donner aux cotons du Brésil, transportés en Europe par les vaisseaux anglais, une importance d’autant plus grande. Ces produits arrivaient généralement en Suisse par l'Italie; ils abordaïent en chargements considérables en Espagne et au

1 Citons entre autres l’ordre donné en décembre 1810 de faire acheter dans le Nord par le Ministère de la Marine des marchandises qu’on paierait en soieries de Lyon. Rappelons aussi l’obligation imposée en 1811 ($ 3), aux propriétaires des denrées de provenance étrangère séquestrées en Suisse et transportées en France, de réexporter de l’Empire des soieries de Nimes, Lyon et Avignon pour une valeur égale à celle de leurs marchandises.

Corresp. 19 décembre 1810. (Notes sur le Mémoire des députés de com-

merce de Lyon.) ? Bürkli, Seidenindustrie, p. 174.

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Difficultés apportées au commerce et à l’importation en Suisse des cotons bruts et filés.