Le système continental et la Suisse 1803-1813

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Portugal pour continuer leur chemin sur Gênes et Livourne. Malgré la difficulté et l’insécurité du trafic méditerranéen, ce commerce s'était soutenu quelque temps!. L’incorporation de la Ligurie à la France, la suppression des privilèges de Gênes comme port franc lui portaient au début de la Médiation un premier coup sans le tuer complètement, car les cotons brésiliens, rejetés sur l’Etrurie, pouvaient encore pénétrer dans la péninsule à Livourne. L'établissement graduel des douanes françaises sur toute la ligne des côtes va désormais leur rendre l'Italie presque inabordable. Expulsés de leur dernier refuge par l’annexion de la Toscane, il ne leur reste qu’à tourner la péninsule par une région dangereuse et à tenter le débarquement à Trieste. La route du Rhin leur est également fermée ; l’adhésion des Etats allemands au système continental vient leur barrer la Suisse au nord. A partir de 1806, ils ne s’insinuent plus que rarement en Europe et par quantités de plus en plus faibles; en réalité, leur rôle est terminé.

La Suisse était donc réduite à la seule matière première encore autorisée par le système continental, les cotons du Levant, qui se prêtaient bien à la fabrication des toiles blanches, mais non à celle de la mousseline; ils provenaient de deux sources :

1° L’Asie mineure (Smyrne), 2° la Macédoine, auxquelles correspondaient deux voies commerciales, l’une maritime, l’autre continentale.

Au dix-huitième siècle, la route que prenaient primitivement les cotons d’Asie mineure aboutissait à Marseille ; dans la suite, sous l'influence d’un mouvement fréquemment observé à cette époque qui tendait à rejeter vers l'Est le flot commercial, elle finit, après avoir d’abord touché Gênes et Venise, par s’arrêter à Trieste.

1 Le règlement concernant le contrôle et la désinfection des denrées coloniales, promulgué en 1804 à l’occasion d’une épidémie de fièvre jaune sur les côtes italiennes, nous montre l'importance que possédaient encore à ce moment les cotons brésiliens comme articles d'importation.