Le système continental et la Suisse 1803-1813

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La voie continentale servait aux produits textiles de Macédoine. Longeant le Danube, elle conduisait à Vienne d’un côté, de l’autre, par la vallée de la Save, sur Trieste !.

Le décret de Berlin ne toucha pas aux cotons du Levant dont jusqu’en 1810, la Suisse ne manqua jamais. Néanmoins, le système continental dans son ensemble, les guerres, les troubles économiques de toutes espèces qui faisaient le jeu des spéculateurs n’en compliquèrent pas moins le commerce de cette denrée. Les deux voies d’approvisionnement de la Suisse étaient constamment menacées. La première était compromise par l’insécurité générale de la Méditerranée, la seconde par le brigandage et les troubles politiques chez les peuples balkaniques. Il était rare qu’elles fussent libres simultanément. Tout cela se fit durement sentir dans les premiers mois qui suivirent le décret de Berlin. Le blocus étroit de Trieste par la flotte anglaise durant l’hiver 1806-1807 avait fermé cette grande place à tout mouvement maritime ?, d'autre part, une insurrection des Bulgares immobilisait sur le Danube tous les convois de marchandises. La rareté du coton le fit monter à des prix incroyables; cette hausse fut accentuée encore par l’activité fiévreuse de la Grande-Bretagne, qui monopolisait la matière première sur tous les marchés restés à sa portée. Telle était la situation faite aux cotons bruts; celle des cotons filés qui provenaient surtout d'Angleterre ne valait guère mieux.

Nous avons vu qu’à la suite des démarches faites par la Diète, Napoléon avait accordé comme une faveur spéciale l'importation en Suisse de ce dernier article; toutefois cette exception ne pouvait avoir de portée pratique qu’à la condition d’être appliquée dans tous les pays voisins. Si la France et l'Italie restaient également fermées aux filés anglais et du

1 Wartmann, p. 148-149 ; — Jenny, I, p. 82-85.

2 Ce blocus de Trieste par les Anglais avait rendu quelque temps la situation du commerce européen entier très critique.

Allg. Ztg., 10 et 30 novembre 1807. (Jubilate Messe.)