Le système continental et la Suisse 1803-1813

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moment où ceux-ci étaient compris dans les prohibitions de marchandises britanniques promulguées par les Etats allemands, à quoi ce prétendu bienfait pouvaitil servir? En réalité, la réunion du Tyrol à la Bavière fermait aux filés mécaniques aussi bien qu'aux autres articles de fabrication anglaise tout accès légal dans les cantons. Les moyens illicites, la fraude avec ou sans la complicité des gouvernements, pouvaient seuls venir en aide à la Suisse.

Les prohibitions des années précédentes, ajoutées aux mesures édictées depuis 1806 contre les produits manufacturés et les matières premières de l’industrie suisse, paraissaient suffisantes pour ruiner à bref délai la situation économique de la Confédération.

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$ 7. — La période de détente (1808-1810).

Après avoir imposé à son alliée une application rigoureuse du système continental, l'Empereur n’avait plus qu’à attendre les résultats de sa politique qui, semble-t-il, ne pouvaient faire défaut. Comment la Suisse réussit-elle à se soustraire quelque temps encore à la ruine qui la menace? Certes, on pourrait l’attribuer en premier lieu au ressort inaltérable des industriels suisses, à leur activité infatigable sur les marchés de leur pays et de l’Europe; mais il faut aussi tenir compte du concours de circonstances favorables qui va bien à point seconder leurs efforts.

Les mesures récentes de Napoléon ne permettaient plus aucune illusion ; ceux qui attendaient quelque chose d’une adhésion loyale de la Confédération au système continental étaient désormais fixés. « Le gouvernement, écrivait à la Allgemeine Zeitung son correspondant de Suisse, ne se lasse pas de prècher la prudence, la patience et la soumission. Ceux-là seulement qui n’appartiennent pas à la classe commerçante trouvent ces exhortations fort belles! » Laissant

1 Allg. Zitq., 23 février 1808.