Le système continental et la Suisse 1803-1813

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A plusieurs reprises, il fit comprendre au Landamman qu’il n’exécutait qu'à contre-cœur les mesures qu’on lui imposait de Paris contre la Confédération. Il constatait que la production des manufactures françaises de coton était manifestement insuffisante pour l'Italie et que les tissus suisses, par leur bon marché, étaient devenus aussi indispensables au peuple qu'aux fabriques d’indiennes de Milan.

Dans toutes les régions soumises à son administration comme dans le royaume de Naples, règne la même contradiction : d’un côté, des décrets officiels rigoureux, consciencieusement renouvelés pour écarter les soupçons et éloigner les espions; de lautre, une application très relâchée des ordres impériaux. À Milan, le gouvernement ferme les yeux sur les irrégularités! et favorise par sa complicité tacite l’introduction des marchandises suisses 2.

Si l’on remarque encore que la Péninsule reste à cette époque en dehors des grandes guerres continentales, on comprendra que le trafic entre les cantons et lItalie aît pu graduellement se rétablir dans des proportions réjouissantes.

Ce fait s’expliquera mieux encore si nous tenons compte de la reprise de la circulation commerciale en 1807, à Trieste, tête du Midi et porte du Levant. Voyons de plus près. Dans les dernières années, tout avait contribué à augmenter la valeur d’une situation géographique et économique, qui, de tout temps, avait assuré à cette ville un rang éminent en Europe. Sous l’Empire elle était devenue un des principaux

1 Un des moyens de fraude les plus souvent utilisés consistait à faire passer les cotonnades prohibées pour des cotonnades françaises ou pour des produits du grand-duché de Berg, Etat vassal de la France. Napoléon signalait expressément le fait en 1810.

Corresp. Napoléon à Eugène Beauharnais, 27 septembre 1810.

? Wartmann cite un curieux exemple de cette complicité des employés italiens. D’après la correspondance de la maison Gonzenbach de Saint-Gall, les commerçants italiens se faisaient fort, moyennant une prime de 20 à 26 %, d'introduire en Italie des produits suisses avec l’aide des fonctionnaires rOYaux.

Wartmann, p. 325, 3.