Le système continental et la Suisse 1803-1813

Bâle et Zurich qui faisaient la base de l'exportation suisse, wavaient rien à craindre de l’industrie indigène, peu développée à cette époque. Elles avaient d'autant plus à lutter contre leur grande rivale, l'Angleterre, solidement établie dans tout le nord de l’Europe et plus particulièrement dans les Etats allemands.

Rappelons encore que bon nombre de fileurs et de brodeurs en Souabe et dans les districts de la Forèt-Noire qui constituèrent plus tard le Grand-Duché de Bade, travaillaient pour les manufactures suisses !. Les souverains de ces contrées avaient donc tout intérêt à entretenir chez leurs voisins une prospérité à laquelle participaient leurs propres sujets.

Pendant toute la période révolutionnaire, les marchés de l'Allemagne restent le meilleur débouché de la Suisse?; jusqu’en 1806, la circulation des marchandises dans la direction du Nord n’est menacée par aucune mesure officielle. Si la campagne de 1799 et les agitations de l’Helvétique en Suisse, la guerre de 1805 en Allemagne avaient troublé les relations commerciales, ni d’un côté ni de l’autre on n’en pouvait rendre les gouvernements responsables *. Les fâcheuses conséquences de ces événements ont été signalées plus haut. Grâce aux crises par lesquelles avaient successivement passé les soieries de Lyon, les toiles de lin de la Saxe et les coton-

1 La force des Suisses, qui firent quelquefois à leurs frais l’éducation industrielle de ces populations, reposait dans ce pays sur une véritable division du travail entre les diverses provinces. C’est ainsi que la filature s'était établie dans les vallées de la Wehra et de la Wiese; les industries plus fines, comme la broderie, avaient leur siège dans le Séhwarzwald et le comté de Bonndorf. Dans ces relations entre les cantons et les pays allemands, les maisons bâloises et celles de la Suisse orientale jouaient comme intermédiaires un rôle capital.

Gothein, p. 743, 763; — Wartmann, p. 153.

2 Wartmann, p. 198.

3 Le gouvernement de la République helvétique avait bien un moment projeté, pour des raisons fiscales, d'établir des tarifs contre l'Allemagne. Il abandonna son idée sur les protestations énergiques des autorités commerciales. Wartmann, p. 218, 222.