Le système continental et la Suisse 1803-1813

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nades suisses, l'Angleterre avait pris pied plus solidement que jamais dans les pays allemands. Elle y avait non seulement accaparé les marchés, mais aussi monopolisé toutes les matières premières.

À parür de 1806, la politique française força la Suisse et ses voisins badois, wurtembergeois et bavarois à prendre les uns contre les autres les mesures officielles qu’on avait Jusqu’alors réussi à écarter. Elle mettait fin à la liberté d’un transit que rendaient d’autant plus indispensable les obstacles accumulés par le système continental sur la route du Rhin. Ce furent d’abord les mesures prises de part et d’autre sur linjonction de l'Empereur pour combattre la contrebande des marchandises anglaises ; elles exigeaient une surveillance: serrée à la frontière et des tracasseries douanières qui, sans résulter d’aucune animosité, n'étaient pas pour faciliter le commerce. La situation parut devoir se compliquer encore, lorsque l’année suivante les gouvernements de Bade, Wurtemberg et Bavière, accablés de dépenses, éprouvés par les frais de leur collaboration avec la France, eurent tous trois promulgué des tarifs douaniers; — rappelons que Napoléon venait d'augmenter dans des proportions considérables le territoire de ces Etats, notamment celui de la Bavière par l'annexion du Tyrol ; de ce fait, les nouvelles mesures douanières se trouvaient appliquées à toute la frontière septentrionale et orientale de la Suisse! — ces tarifs, à la vérité, atteignaient en première ligne les produits agricoles ?; ils ne conténaient encore aucune prohibition de produits manufacturés, mais ils gênaient suffisamment les rapports commerciaux pour faire sentir à la Confédération la nécessité de s’assurer contre toute complication future par des traités de commerce au sujet desquels elle entama aussitôt des négociations ?.

1 Gonzenbach, p. 77. ? Allg. Ztq., 7 décembre 1808. * L'industrie de la toile en Suisse ressentit péniblement l'imposition sur