Le système continental et la Suisse 1803-1813

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Les perspectives les plus sombres s’ouvraient donc aux cantons sur l'Allemagne comme sur le reste de l'Europe.

Heureusement, une circonstance survient qui contrebalancera les funestes effets de la politique impériale et permettra à la Suisse de se dédommager jusqu’à un certain point; il s’agit de la suppression graduelle en Allemagne de la concurrence anglaise. Partout ailleurs, cet avantage que le gouvernement impérial avait présenté comme la grande compensation aux charges du système continental, avait été neutralisé par l'influence de la France. Du côté allemand seul, il fut bienfaisant pour la Suisse. Le gouvernement impérial ne disposait pas sur ses alliés de la Confédération du Rhin des mêmes moyens de contrainte quesur lItalie; il en obtenait sans peine le droit de libre importation pour la France, mais il n'avait pas de prétexte suffisant pour exiger d’eux l’exclusion des produits manufacturés suisses, à seule fin de laisser le champ libre à sa propre industrie.

De tous les articles français, les soieries seules pouvaient, dans des conditions de concurrence normale, prétendre à jouer un rôle prépondérant en Allemagne. De fait, les établissements de Lyon avaient rapidement retrouvé leur ancienne place dans les pays germaniques dont ils étaient au-

- trefois les fournisseurs attitrés ; ils régnaient sans conteste à Francfort et à Leipzig et davantage encore dans les provinces rhénanes, voisines de la France !.

Quant aux manufactures de coton, elles ne suffisaient même les lins et fils de lins exportés de Souabe, mais l’industrie cotonnière ne peut avoir eu beaucoup à souffrir de ces tarifs. Au moins Wartmann n’enregistre-t-il à ce sujet de la part des marchands saint-gallois aucune réclamation ; le fait est caractéristique. Les commerçants zuricois, par contre, se plaignirent en 1807 à leur gouvernement d’un droit de 15 à 20 francs par quintal prélevé indifféremment sur les marchandises de toute qualité pénétrant sur territoire badois, wurtembergeois et bavarois. Cette imposition influait désagréablement sur l'exportation des tissus ordinaires, ainsi que sur le transit.

Arch. Zurich, Prot. des kaufm. Direkt., 2 mai 1809 ; — Missiven, 6 mai

1809. 1 Le Moniteur écrivait en 1805 : « La vogue en Allemagne des articles