Le système continental et la Suisse 1803-1813

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pas à approvisionner les marchés de l’Empire; la Suisse n’avait rien à en redouter et entrait plutôt en concurrence dans ce domaine avec la jeune industrie saxonne. La Saxe avait passé comme la Suisse, à la fin du dix-huitième siècle, par une crise terrible. Sa plus vieille industrie, celle des toiles de lin qui couvrait jadis toute l’Allemagne du nord, se mourait lentement, submergée par les articles anglais. La filature et le tissage du coton s’étaient en outre, quoique dans de plus modestes proportions, établis dans les districts de l’Erzgebirge; mais ces deux branches industrielles dépassées par les progrès mécaniques et techniques de l'Angleterre, subissaient elles aussi, une violente crise, lorsque le décret de Berlin vint les tirer d’affaire.

Tandis que les toiles de lin semblent irrémédiablement perdues, on observe après l’expulsion des Anglais un renouveau de l’industrie cotonnière saxonne !. En peu de temps, le pays se couvre de fabriques de toiles, de mousselines, d’indiennes, de filatures mécaniques munies des machines les plus perfectionnées. Les tissus que fournissent ces manufactures récentes, de qualité inférieure, mais aussi moins chers que les étoffes anglaises, rivalisent avec ces dernières ?, Dès 1807, les Saxons prennent une place grandissante sur leurs marchés indigènes ?; ils subiront en même temps que les Suisses les variations des années suivantes et participeront avec eux à la courte période de prospérité qui précédera le décret de Trianon. :

Ainsi, même après l'exclusion des Anglais, les débouchés allemands restent obstrués. Seulement, la partie qui s’engage

de soie est devenue telle, que mème les paysannes aisées et les femmes du peuple les préfèrent aux marchandises anglaises. »

Moniteur, 28 août 1805.

1 Beer, p. 84.

2? La-filature se développera en Saxe à tel point que, pendant la période du blocus continental, les filés saxons constitueront une forte part de l’importation des cantons.

3 Allq. Zlq., 13 novembre 1807.