Le système continental et la Suisse 1803-1813

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ici n’est pas, comme en Italie, une lutte inégale qui doit se terminer par l’écrasement d’une des parties, c’est une concurrence à conditions égales, qui permettra aux cantons de déployer quelque temps encore sur ces marchés une activité fructueuse.

Suivons de plus près cette éclipse momentanée de la GrandeBretagne et les progrès parallèles de la Suisse. La grande foire de Leipzig, centre du commerce européen dans le Nord, reflet fidèle des moindres variations économiques, nous peêrmettra une appréciation exacte de ce double mouvement.

En 1803, la Suisse commence à reprendre haleine; cette année-là marque l’accaparement presque total de la place par les trafiquants britanniques et le triomphe de leurs produits. Les tissus de coton de Manchester, les mousselines et les indiennes de Glasgow, les toiles de lin de l'Irlande règnent sans conteste. Les entreprises qui détiennent le monopole des filés (celle du spéculateur Humphreys, par exemple), déploient une activité dévorante. C’est sur l’arrivée et le départ des marchandises anglaises qu’on se régle pour fixer l’ouverture et la clôture de la foire!. C’est à peine si les Français se hasardent à paraître en face de cet adversaire et les Suisses, vu leur épuisement, ne peuvent encore songer à reprendre la lutte.

Les premières dispositions de la France en 1806, le blocus de l’'Ems, de l’Elbe et du Weser mettent un premier frein à cette fureur de marchandises anglaises. Le décret de Berlin, son application sur toutes les côtes jusqu’à Lubeck, ladhésion forcée de la Prusse au système continental font le reste. L'extension du blocus dans les mois suivants compromet pour de longs mois le débarquement des produits britanniques, jusqu’au moment où la contrebande sera sérieusement organisée.

Néanmoins, l’industrie européenne devra compter quelque

1 Allg. Zig., 19 juin 1803.

Disparition graduelle de la concurrence anglaise sur les marchés allemands .