Le système continental et la Suisse 1803-1813

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tracée par les marchandises anglaises dans la Baltique ; par cette voie plus sûre que la Méditerranée, ils arrivaient en Prusse orientale et en Russie. Ils retombaient ensuite sur Leipzig et de là sur la Suisse par Lindau !. Quelquefois, sous pavillon américain, ils arrivaient plus directement à leur destination par les côtes de la mer du Nord. Sur ce point aussi, la surveillance des fonctionnaires impériaux s’était sensiblement relâchée à partir de 1808; d’ailleurs, l'administration fermait les yeux sur certaines irrégularités, la pénurie des cotons des colonies s’étant fait également sentir en France. A la faveur de ces circonstances, des chargements entiers de denrées prohibées abordent dans les années 1809 et 1810 en Hollande, à Hambourg et au Danemark 2.

Sur tous les marchés les Suisses sont à l'affût, guettant la précieuse matière première que leurs filatures mécaniques naissantes leur rend toujours plus indispensable. Les cotons des colonies remplaçent ainsi rapidement ceux du Brésil et dans les années suivantes, l'écart entre les chiffres d’importation des deux variétés ira s’accentuant *.

Que devenaient entre temps les cotons du Levant bloqués en 1807 sur terre et sur mer pendant de longues semaines ? L’inquiétude provoquée par là menaçait de dégénérer en panique, lorsqu’au début de 1808, la levée du blocus de Trieste et la reprise du commerce sur le Danube firent tomber les obstacles partout à la fois. Une énorme quantité de marchandises de Macédoine et d’Asie mineure, arrêtées dans leur voyage, s'étaient tout d’un coup déversées sur le continent, reculant la crainte d’une disette et, jusqu’en 1810, le coton du Levant ne devait plus faire défaut en Suisse.

Gem. Schw. Nachr., 27 septembre 1810 ; Bericht aus Sachsen.

Allg. Ztg., 16 octobre 1809, Handelsbericht aus Hamburg.

D’après un inventaire d'avril 1803 de la filature de Saint-Gall, par

exemple, on travaillait presque exclusivement avec du coton brésilien. Sur

vingt ballots, dix-neuf étaient du « Fernambouc.» Les quantités de coton

déclarées en 1810 nous montrent que le coton des colonies a pris le dessus. Wartmann, p. 305.

CCR

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