Le système continental et la Suisse 1803-1813

Les spécula-

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A la vérité, un élément fâcheux viendra faire échec à ces

ti . , er + , ions en 1808 &irconstances heureuses : les spéculations effrénées, résultats

et 1809.

inévitables du caractère anormal que revêtent à cette époque toutes les manifestations économiques. La répercussion des nouvelles à sensation, la menace constante de nouvelles guerres prêtent à toute cette période une apparence fiévreuse même dans les rares moments de paix politique et donnent beau jeu aux agioteurs.

Le mouvement de spéculation sur toutes les denrées coloniales prit une extraordinaire intensité à partir de 1807 et persista sans arrêt jusqu’au tarif de Trianon. En aucun moment, ces opérations ne furent poussées avec autant de fièvre que dans les premiers mois de 1808. Nulles n’égalèrent en frénésie les spéculations entreprises sur les cotons et particulièrement sur ceux du Levant.

Les cotons d'outre-mer, introduits sur le continent par quantités moindres et maintenus à des prix élevés, ne se prêtaient guère à de grandes combinaisons. Ceux du Levant par contre, jetés en Europe plus irrégulièrement et par gros chargements, reflètent dans leurs prix les moindres oscillations de la politique européenne. Le jeu des spéculateurs français et anglais qui cherchaient à monopoliser la matière première, ajoutait encore à ce désarroi.

La rapidité des variations économiques qui se produisent d’un semaine à l’autre et d’un marché à l’autre ne permettent de fournir aucun chiffre précis sur les prix des cotons. D'une façon générale, les prix des denrées coloniales, très élevés en France vont en diminuant à mesure qu’on s'éloigne de Paris. Quant à la Suisse, sur laquelle nous ne sommes pour ainsi dire pas renseignés, elle se rapproche sans aucun doute à cet égard de ses principaux marchés de cotons, Vienne et Leipzig'. D’après les oscillations ressenties sur ces deux places, on peut définir dans ses grandes lignes la courbe qui répond aux prix des cotons en Suisse.

1 A Zurich, au dix-huitième siècle, le coton du Levant coûtait d’après la