Le système continental et la Suisse 1803-1813

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Malgré l’afflux énorme de matières premières Jetées sur le marché européen à la fin de 1807, la hausse s’était soutenue quelque temps par suite de la demande générale !. On observe ensuite sur le marché des denrées coloniales une série de bonds désordonnés, de spéculations insensées pendant toute l’année 18082. Les maisons suisses à l’étranger et à l’intérieur du pays prennent une part active à ce mouvement pour ressentir elles aussi, le contre-coup de la catastrophe à laquelle il aboutit au début de 1809 #. À ce moment, la baisse provoque une secousse formidable qui ébranle toutes les maisons de commerce d’Odessa à Trieste et se répercute violemment sur le marché suisse #.

Les mois suivants sont marqués par d’actifs transports de cotons à destination des cantons, dus à cette subite dépression et stimulés encore par la menace de guerre entre la qualité de 31 à 40 gulden le quintal. En moyenne, d’après Bürkli, les prix en avaient doublé depuis cette époque.

Bürkli, Seidenindustrie, p. 173.

1 Gem. Schw. Nachr., 30 janvier 1808, Berichte aus Wien.

2 Voici pour les prix du coton un exemple de ces variations dans le courant de l’année 1808, sur le marché de Hambourg :

Prix le plus élevé dans le 90 décembre 180$

Début de l'année. ourarit de l'année:

Gulden Gulden Gulden Fernambouc . . . 75 260 175 CES ONCE 45 130 88 Macédoine . . . 36 108 42

Allg. Ztq., AA janvier 1809.

3 Une première alerte s’était produite dans le courant de l’année 1808. L'ébranlement, particulièrement sensible à Bâle, força plusieurs maisons suisses à suspendre leurs paiements. Ce fut entre autre le cas pour la banque Dapples, Steiner & Cie, à Lausanne. De tous les Suisses qui, établis à l'étranger, spéculèrent sur les cotons, les Glaronnais Dinner et Tschudi, à Trieste, semblent avoir opéré le plus avantageusement. Par suite des événements politiques, leur maison se transporta dans la suite à Ancône.

Gem. Schw. Nachr., 3 février 1808 ; — Allg. Ztq., 24 juin 1808 ; Moniteur, 12 juin 1808 ; — Jenny, Il, p. 304.

4 À Vienne, les cotons du Levant étaient tombés en peu de jours de 600 gulden les 100 kg., à 180 gulden.

A Trieste, la crise avait amené la faillite de cinq grandes maisons, dont une laissait un passif de 500 000 gulden.

Allg. Zig., 13 mars 1809. Gem. Schw. Nachr., 27 septembre 1808.