Le système continental et la Suisse 1803-1813

Brillants succès remportés par les Suisses sur les marchés allemands en 1809 et 1810.

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encore des bénéfices déjà compromis par les frais croissants de la matière première.

Le tableau suivant des quantités totales de cotons filés importés en Suisse nous montre à l’évidence que jusqu’en 1810, les cantons ont reçu chaque année un appoint considérable de produits britanniques !.

1806-1807 . . . . . . 320000 livres. 1807-1808 . . . . . . 990000 » 1808-1809 . . . . . . 430000 » 1809-1810 . . . . . . 950000 »

En 1811, nous tombons brusquement à 118 715 livres. Cette chute succédant à la prohibition officielle par la Confédération des filés anglais, permet d’affirmer que les huit dixièmes de l'importation se composaient de « twists ».

Le commerce des cotons filés sur la Suisse se faisait en majeure partie par Rorschach et Saint-Gall, obéissant ainsi au méme phénomène économique qui concentrait sur ce point le trafic des cotons bruts.

De tout ce qui vient d’être dit, on peut affirmer que la Suisse, grâce à sa propre énergie, grâce aussi au concours d’auxiliaires indirects, avait en 1808 surmonté heureusement la crise que lui préparait la politique impériale. Sa principale industrie notamment, celle des cotons, avait retrouvé en Îtalie une situation sinon brillante, au moins acceptable; elle avait rétabli importation de ses matières premières ; elle pouvait aller de l'avant.

Deux circonstances contraires vinrent quelque temps encore retarder cet essor. Les bilans favorables des premières foires de 1808, à Leipzig, avaient provoqué partout une surproduction précipitée. Stimulés par leurs premiers succès, les

1 Ces quantités ont été calculées par Wartmann d’après le montant annuel de la taxe de 3 kreutzer par livre de filés, redevance imposée par l’ordonnance de 1806. L’absence d’indication plus précise sur la provenance des filés imposés ne permet pas d'indiquer les quantités exactes de produits anglais.